Dòng Nội dung
1
Deux points de vue sur le changement linguistique / Marie-José Béguelin. // Langages. 2014, Vol. 196.
2014
p. 13-36.

Bien des auteurs abordent aujourd’hui le changement linguistique dans une perspective déterministe, via des échelles de grammaticalisation conduisant du « lexical » au « grammatical », du « moins grammatical » au « plus grammatical », du « sémantiquement plein » au « sémantiquement vide ». Cette vision orientée, unidirectionnelle, du changement trouve une critique précoce dans les réflexions de F. de Saussure, aux yeux de qui le changement grammatical est aléatoire, a-téléologique, dû aux (ré)analyses accidentelles du matériau langagier qui interviennent hic et nunc dans l’esprit des sujets parlants, sous la pression exclusive des formes contemporaines. On examine, à l’aune de ces deux points de vue antagonistes, quelques cas de changement syntaxique, avant de poser la question de savoir où se situent au juste les supposées « tendances » en matière d’évolution linguistique.

2
La réanalyse syntaxique et le conflit formaliste-fonctionnaliste en linguistique / Frederick J. Newmeyer. // Langages. 2014, Vol. 196.
2014
p. 37-52.

Deux positions sur la réanalyse se sont largement répandues dans la littérature. La première correspond à la position classique du courant syntaxique dominant en principes et paramètres. Selon cette approche, le fait de réinitialiser brutalement un paramètre donne lieu à un ensemble de réanalyses structurales. La seconde approche s’est dans un premier temps développée dans le contexte de la linguistique fonctionnelle. Selon cette vision des choses, le changement diachronique est « flou », dans la mesure où les catégories et les constructions syntaxiques subissent une réanalyse graduelle. Dans cet article, je défends l’idée qu’aucune des deux positions n’est correcte. La réanalyse est en fait discrète et brutale. Cependant, il faut abandonner l’idée selon laquelle les réanalyses pourraient être posées en termes de réinitialisation de paramètres.

3
Réanalyse et attractions analogiques : l exemple des constructions infinitives du français / Alain Berrendonner. // Langages. 2014, Vol. 196.
2014
69-87 p.

Dans le passage de l’ordre des mots « ancien » Je le dois faire au « moderne » Je dois le faire, on a pu voir la trace d’une restructuration des constructions infinitives : d’abord traitées comme des lexies verbales [auxiliaire+infinitif] (= construction C1), elles auraient été ensuite réanalysées en syntagmes [verbe recteur+proposition infinitive argument] (= construction C2). Un examen des données montre qu’en fait, chacune de ces deux structurations a exercé sur l’autre une influence analogique, donnant naissance à une variante hybride de sa concurrente Si c’est la construction C2 et l’hybride qu’elle a suscité qui se sont imposées au fil du temps, cela tient à des raisons d’optimalité. Le principal changement diachronique qui en est résulté est le développement d’une catégorie originale d’auxiliaires de prédicat. La reconversion d’auxiliaires de verbes en auxiliaires de prédicats va, à certains égards, dans le sens d’une dé-grammaticalisation.

4
Réanalyse et changement linguistique / Bernard Combettes. // Langages. 2014, Vol. 196.
2014
53-67 p.

Le but de cette contribution est d’examiner les points de contact qu’il est possible de déterminer entre l’opération de réanalyse et l’approche diachronique d’une langue, en l’occurrence le français. Après avoir rappelé les principales caractéristiques, communément reconnues, de la réanalyse, on aborde la question de la nature du processus et celle du rôle majeur qu’y joue l’analogie. On observe ensuite comment la réanalyse est soumise aux grandes tendances de l’évolution (passage d’un système synthétique à un système analytique, hiérarchisation des syntagmes, spécialisation des catégories). Est enfin envisagé le fonctionnement de ce type particulier de changement, l’accent étant mis sur la nature et le rôle de l’ambiguïté ainsi que sur la phase d’actualisation, qui permet de considérer que la réanalyse est pleinement aboutie.

5
Réanalyses du relateur et / Gilles Corminboeuf. // Langages. 2014, Vol. 196.
2014
p. 89-107.

Cette étude porte sur deux classes de constructions articulées par et, l’une en ancien français, l’autre en français contemporain : (i) des constructions « à cumul » de l’ancien français comme (1) Quant vit abatu son escu, / Et lors n’i a plus atendu (Sone de Nansai, cité par Antoine 1958) ; (ii) des constructions à inversion de pronom clitique sujet, articulées par et comme (2) La tension monte-t-elle à une table, et sa voix de velours suffit à l’apaiser (presse écrite). Dans les deux cas, la réanalyse de la structure entraîne une modification de la valeur de et. À partir de ces deux micro-phénomènes, je ferai plusieurs observations sur l’appréhension théorique des changements linguistiques.